J'vous préviens qu'si y'a la guerre,
arrêtez-moi tout de suite,
venez voir dans mes affaires
dans mon logement dans ma suite,
y'aura deux trois déserteurs,
des polissons réformés,
qui chanteront la main au coeur
des chants d'ukrainiens bourrés.
Et si y'a révolution arrêtez-moi tout de suite,
venez-voir l'habitation qui entoure ma suite,
y'aura de bonnes préparations,
des cocktails façon maison,
des tire-flemme et des lance-coeur
et des pistolets porte-bonheur.
Mais faudra pas venir pleurer
si après vous êtes tous tués
et que nous, même emprisonnés
on soit tous en train de chanter.
Et j'vous préviens qu'si y'a combat,
arrêtez-moi tout de suite,
venez-voir en bas d'chez moi,
dans le jardin de ma suite.
Les ch'veux longs pour armement,
des slogans à tout bras l'vent :
faites l'amour le plus souvent
et pas la guerre évidemment !
Mais faudra pas venir pleurer
si après vous êtes tous tués et que nous,
même emprisonnés,
on soit tous en train de fumer la ganja.
Et j'vous préviens qu'si y'a manif,
arrêtez-moi tout de suite,
venez-voir là où j'habite,
dans ma maison sans calife.
Où il fait bon préparer
des chants pour manifester,
avec des paroles anarchistes
et des refrains je-m'enfoutistes.
Mais faudra pas venir pleurer
si c'est bien ensoleillé
et qu'on préfère picoler
à la terrasse d'un café.
Et si y'a une trahison,
cherchez pas plus loin qu'ma suite,
prenez l'adresse de ma maison
et rendez-y vous très vite,
moi et mon frère on est espions
et mes soeurs c'est des bouffonnes,
les secrets d'état mon fion
contre un coup à boire on t'les donne.
Mais faudra pas venir pleurer,
si on vous ment à volonté
et qu'pour fausse information,
vous soyez tous dégradés.
Et même si on r'monte le temps,
arrêtez-moi tout de suite,
venez voir l'appartement qu'était là avant ma suite,
y'aura bien sûr toutes les sorcières,
les crânes tondus, les juifs allemands,
Jésus, Judas et mon grand-père,
celui qu'a déserté lâchement.
Mais faudra pas venir pleurer,
si votre époque elle est ruinée
et qu'on puisse lire
notre vie dans toutes vos encyclopédies.
Et j'vous préviens qu'si y'a la paix,
arrêtez-moi tout de suite,
venez-voir dans le palais qui orne ma suite,
y'aura tous les clandestins,
les zonards et les cousins,
les matelots anarchistes
et les pédés trapézistes.
Mais faudra pas venir pleurer,
si on est tous en bonne santé
et qu'dans votre dictocratie,
on y foute l'anarchie.